Jérôme Kerviel n'est ni Robin des bois ni Arsène Lupin." Pour Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), l'ex-trader de la Société générale condamné mardi 5 octobre à une peine de cinq ans de prison dont trois ferme et à des dommages et intérêts records 4,9 milliards d'euros, a beau attirer la sympathie du public, il est coupable. "Même s'il ne s'est pas enrichi, les 5 milliards perdus n'étaient pas une œuvre de charité", signale le régulateur.
Les traders sont des électrons libres, certains sont plus libres que d'autres. On ne peut pas les exonérer de toute responsabilité individuelle. Lorsqu'un joueur de foot fait une faute, ce n'est pas de la responsabilité de son club", poursuit-il.
Même les dommages et intérêts de près de 5 milliards d'euros demandés au jeune homme, jugés disproportionnés par l'opinion publique, sont selon lui justifiés. "On juge en droit, et le droit abouti parfois à des conclusions surréalistes aux yeux des citoyens", explique M. Jouyet.
Ainsi la banque a subi un préjudice de 4,9 milliards d'euros du fait des transactions frauduleuses du trader. Et aux yeux de la justice, si Jérôme Kerviel est coupable il doit réparer l'intégralité du préjudice. Pourtant la "Générale" est, à bien des égards, fautive. Son erreur est selon lui de ne pas avoir eu les mécanismes de contrôle ad hoc. La banque a d'ailleurs été épinglée en juillet 2008 par la Commission bancaire pour "carences graves du système de contrôle interne". Pour cela, elle a dû s'acquitter d'une amende de 4 millions d'euros.
En outre, l'établissement "a été une banque à la pointe des innovations financières au point d'être parfois aux limites des zones grises. Elle a sans doute payé pour cela", estime l'ancien secrétaire d'Etat aux affaires européennes.
Mais pour l'AMF, ce que révèle l'affaire Kerviel est plus vaste et plus inquiétant qu'on ne le croit. Car selon lui, une telle affaire peut encore arriver. "Aujourd'hui, on ne peut pas exclure qu'une telle fraude puisse se reproduire dans une banque, même si cette affaire a eu pour conséquence un vrai renforcement du contrôle interne", s'alarme M. Jouyet.
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